Jean Lemaire, l’exemplarité d’un pinceau classique

Jean Lemaire, l’exemplarité d’un pinceau classique

Georges de Lastic, historien d’art et collectionneur d’exception, nous livre à Parentignat sa fabuleuse série du Grand Siècle. Hyacinthe Rigaud, Nicolas de Largillierre, François de Troy ont leur place de choix entre ces murs. Il est rarissime de trouver en province une telle qualité picturale. A l’instar des grands musées, le château de parentignat nous offre une multitude de genres picturaux tels que  le portrait ; la peinture animalière ; la peinture mythologique ; la peinture archéologique.

« Paysage avec des figures dans des ruines… » Ici un parfait exemple de peinture classique. Jean Lemaire, l’artiste, proche collaborateur de Nicolas Poussin, d’où son pseudonyme de « Lemaire-Poussin » deviendra un adepte des paysages architecturaux. Habitée de figures drapées, son œuvre reste  l’une des tentatives les plus abouties pour donner une vision de la Rome antique.

Ici deux femmes en conversation sont au coeur de la Ville éternelle : l’arc des Argentari érigé en l’an 204 en l’honneur de Septime Sévère ; en arrière plan le célèbre Colisée. Sublimant cette recherche du détail, l’illustration du mont Sorate, éminence située au nord de Rome. Déesse vénérée, on reconnaît également Athéna casquée, de profil à notre perspective. Tout concorde pour que soit  la réplique d’Athéna Giustiniani du Vatican. Enfin, la jeune femme au drapé bleu, nous faisant face, est représentée devant un relief posé sur le sol, correspondant  à une scène de sacrifice dérivée de l’Ara Pacis.

Voici devant nous une signature parfaite du classicisme du XVIIème siècle

« Thésée retrouve l’épée de son Père » (1638, Musée Condé de Chantilly) ou encore «Andromaque confie Astyanax à Ulysse» (1645) font particulièrement  écho avec notre Paysage.  Outre la composition et les techniques picturales, c’est une certaine poésie qui nous habite lorsque nous sommes face à de telles créations.

L’esthétique fondée sur la recherche de perfection, la combinaison habile des personnages avec le décor archéologique. Mouvement culturel, esthétique et artistique, le classicisme se développera en France ainsi que plus largement en Europe de 1660 à 1715. Nicolas Poussin (1594-1665),  Jean Lemaire (1601-1659) élèveront ces critères au rang de l’excellence. Progressivement étudiée sans être réellement digne d’intérêt notamment au XVIème siècle , la nature sera définitivement reconnue en 1648 par l’académie de peinture comme genre à part entière, donnant naissance à la « peinture de paysage ». Les décors architecturaux font désormais merveille dans cet écrin naturel si harmonieux.

Collaborateur de Nicolas Poussin à partir de 1636 à Rome au palais Buen Retiro, Jean Lemaire prouvera également ses multiples talents   sur le chantier colossal de la Grande Galerie du Louvre. Leurs compétences seront pour chacun reconnues au rang de peintres du Roi.

Pierre Rosenberg, en 1994, dira de cette Peinture : « On ne peut regarder rapidement ces tableaux ; il convient de faire un effort et cet effort nécessite du temps ».

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Anne-François de Lastic